LOKADHAMMA
1 ère Partie
par le Mahasi Sayadaw
LOKADHAMMA
(1ère partie)
Discours du Vénérable Mahasi Sayadaw
Traduit par Vipassanasangha
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Le terme "Lokadham" en Birman vient du Pali "Lokadhamma". "Loka" comprend trois divisions : Sattaloka, Sankharaloka et Okasaloka.
Sattaloka signifie "tous les sattava ou tous les êtres"; chaque être est en effet un loka. C'est-à-dire chaque homme, femme ou animal est un loka.
Okasaloka signifie les domiciles, les résidences ou les habitations d'êtres. Il y a le monde humain, le monde des devas, le monde des Brahmas, le monde des habitants des régions inférieures de misère : enfer, règne animal, le domicile des petas. Les domiciles d'animaux et petas sont sur la terre; les domiciles des devas et Brahmas sont des mondes célestes.
Sankharaloka signifie les activités continues des éléments physiques et mentaux des êtres aussi bien que les changements et les mouvements de choses inanimées comme la terre, les arbres, les forêts, les montagnes, les domiciles, l'eau, l'air, le feu, etc.. En un mot, Sankharaloka constitue tous les processus en évolution de nama rupa.
Le discours que je donne aujourd'hui se rapporte au loka d'êtres sensibles, sattava. Ainsi loka dans ce contexte signifie "êtres" et dhamma signifie "la loi". Lokadhamma ou Lokadham signifie les conséquences naturelles que chaque être doit supporter. Il y a deux Suttas pour le sermon à propos de Lokadhamma que Bouddha a faits : un Sutta court et un Sutta long. Je cite ici le long Sutta de l'original Pali :
Atthime bhikkhave Lokadhamma lokam anu
Pari vuttanti; lokosa ime attha Lokadhamme
Anu pari vuttati.
"Bhikhhus, les huit manifestations de Lokadham suivent toujours tous les sattavas, aussi appelés loka et tous les sattavas ou loka suivent aussi Lokadham."
Il y a huit manifestations de Lokadham et ceux-ci suivent toujours loka ou les êtres. Si un homme marche au soleil, son ombre le suit toujours; il ne peut pas lui interdire de le suivre. Ainsi, comme l'ombre, ces lois de Lokadham suivent tous les êtres. De la même manière, les êtres poursuivent toujours Lokadham.
LES HUIT LOIS DE LOKADHAM
Quelles sont les huit lois ? Labha, la richesse, alahba, ne pas être riche, yasa, avoir des personnes autour de soi, ayasa, n’avoir personne, ninda, être ridiculisé et critiqué, pasamsa, recevoir des éloges, sukha, avoir confort et bonheur, dukkha, souffrir de la misère.
Ces huit lois vont de paires; labha et alabha; yasa et ayasa, ninda et pasamsa; sukha et dukkha. Quatre sont bons et les quatre autres sont mauvais. Bien sûr, les gens aiment les quatre bons et n'aiment pas les quatre mauvais.
Maintenant, qu’est ce que labha ? C’est obtenir des choses plaisantes et désirables, des choses utiles : or, argent, diamants, joyaux, bétail, éléphants, chevaux, nourriture, vêtements, voitures, maisons, terre, etc.
Obtenir ces choses par un travail dur, ou non, est bien; plus on a, mieux c’est. Être couronné de succès dans les affaires et d'autres domaines signifie être doté de labha ou la richesse. Pour les moines, obtenir les quatre choses essentielles, c'est-à-dire des repas, des robes, un monastère et des médicaments, c’est bien.
Au contraire, alabha signifie être privé de ces choses ou échouer dans les affaires. Il est regrettable d’essayer d'obtenir la richesse et d’échouer. On déplorera probablement de ne pas l'obtenir alors que d'autres l’obtienne. Plus déplorable encore est de perdre ce que l'on a obtenu. Il y a cinq ennemis ou forces destructrices dans la vie, et à cause de ces ennemis, nos biens peuvent être perdus ou détruits.
Obtenir la richesse est apprécié par tous, sans exception. Peu importe si on l’obtient par des moyens honorables ou criminels. Cela ne dérange pas les gens malhonnêtes de l'obtenir par des moyens malhonnêtes. Depuis toujours, personne n'aime être dépossédé de ce qui a été acquis ou ardemment désiré. Personne n'aime être réduit à la misère.
Yasa signifie avoir des amis et des compagnons, des disciples et beaucoup de gens autour de soi.
Ayasa signifie être privé de ces faveurs. Ici aussi, chacun aime avoir beaucoup de compagnons et de disciples. Tout d'abord, on est célibataire, puis on se marie, on a ensuite des enfants. Et dans la société on a des amis, des employés. On aime de telles circonstances et on aimerait avoir encore plus de personnes autour de soi. Si on est privé de ces choses, on déprime. Quand on n’a pas d’amis, ou que l’on perd ses employés ou ses disciples, on est alors malheureux.
Ensuite il y a ninda qui signifie être critiqué, ridiculisé et pasamsa qui signifie recevoir des louanges et être hautement estimé. Ici aussi, personne ne veut être ridiculisé ou critiqué, et ne peut le tolérer.
Si on n'a pas de patience et la faculté de pardonner, on est blessé, tout particulièrement quand la critique est méritée. C’est comme laisser tomber un bâton sur une plaie; cela fait très mal. La personne critiquée se sent gravement blessée.
Quant à ceux qui ont un bon esprit, si la critique est méritée, ils ont assez de patience pour la recevoir et examiner leurs fautes avec équanimité. Ici encore personne n'aime être critiqué ou ridiculisé, qu’il soit jeune ou vieux.
Quant à pasamsa, qui signifie recevoir des éloges, tout le monde apprécie cela. Même si ces éloges sont de la flatterie non méritée, on les accepte avec joie.
RICHESSE ET BONHEUR
Ensuite vient la richesse et la misère. Il y a deux sortes de richesse : la richesse matérielle et la richesse mentale, autrement dit, prospérité et bonheur. Ces deux richesses sont importantes. Si on est doté des deux richesses, on n'a besoin de rien d'autre. Les gens s'efforcent toujours de les obtenir.
Un vieil homme sage disait : "tout le monde désire ardemment la richesse et est plongé dans une mer de détresse parce que personne ne peut vraiment réaliser son but." Sa remarque est juste. La richesse matérielle et la richesse mentale conjuguées, c’est-à-dire la prospérité, c’est ce que les gens désirent ardemment et se donnent beaucoup de mal à obtenir.
Être libre de la douleur physique et de l’inconfort, et obtenir des choses agréables pour vivre est en effet très important. Donc les gens font d’infinis efforts pour les obtenir. Être libre de toutes sortes de tristesse et être tout le temps heureux est très important, et les gens luttent pour cela.
Analysons le problème. Quel est le bien-être matériel et quel est le bien-être mental ? Appelons les deux choses la prospérité. Quelle est la prospérité dans le monde humain et quelle est la prospérité dans le monde céleste ? Elles sont identiques.
Pour les réaliser, il faut avoir plusieurs facteurs. Il faut avoir la prospérité, des bénéfices de toutes sortes, une bonne alimentation, une maison confortable, etc... Si on est doté de tous ces facteurs de prospérité, on sera probablement riche et heureux. S'il y a quoi que ce soit qui manque, une sorte de malaise s’ensuivra.
Mais quelqu'un peut-il être "pleinement doté" de toutes ces choses ? Il n'y a personne dans le monde qui soit ainsi doté de toutes ces choses. En luttant pour les obtenir, on doit subir des tas de désagréments et "la mer de détresse" s'élargit constamment.
La détresse comprend le malaise physique et mental. Le malaise physique se rapporte aux douleurs physiques, aux maladies, aux coups, tortures, accidents, etc… et ceux-ci ressemblent au soleil brûlant ou au feu. Bien sûr, personne n’aime cela et les craint.
Il y a la souffrance mentale de toutes sortes, comme l'irritation, l’anxiété, la déprime, la tristesse et autres. Bien sûr, personne ne l’aime; chacun la craint. Il y a aussi l'injure verbale, la moquerie, les disputes qui rendent malheureux.
Parfois, il y a des gens privés des choses qu’ils aiment et qui leur donnaient du plaisir; ce manque les rend malheureux. Personne ne souhaite avoir ces désagréments; tout le monde en a peur. Donc les gens doivent être vigilants pour éviter que cela arrive.
TOUT LE MONDE LES AIME
Maintenant j'ai terminé la description des huit lois de Lokadham. Comme cela a été dit auparavant, chacun aime les quatre bons et n'aime pas les quatre mauvais. Mais qu’ils soient aimés ou non, chacun doit supporter les huit; personne ne peut se débarrasser d’aucun d'entre eux, personne ne peut tous les fuir.
LE BON ET LE MAUVAIS VONT ENSEMBLE
Parfois on peut avoir ce que l'on veut avoir; on peut réaliser son but. Parfois, aussi, on ne peut pas obtenir ce que l'on veut obtenir, ou on peut perdre ce que l'on avait déjà. Même si on possède certaines choses toute notre vie, on doit les laisser quand on meurt. Ainsi quand on a Labha, on a aussi alabha qui le suit dans son sillage.
On peut à certains moments avoir des collègues, des amis, des compagnons et des disciples ; on peut être privé d'eux à d'autres moments. Même le Bouddha qui avait une grande assemblée de disciples était parfois obligé de vivre seul.
On ne peut espérer toujours faire l’objet d’attention; et enfin quand on meurt, on doit quitter tous les gens qu’on côtoie. Ainsi yasa est toujours accompagné par ayasa.
On nous estime parce que l'on mérite les éloges. Il est bon d'obtenir des éloges mais on doit travailler dur pour les mériter. Seulement après avoir lutté durement on obtient l'éloge, l'éloge réelle, pas la flatterie, et on est obligé de continuer à travailler dur pour garder l'estime.
S’il arrive d’être critiqué, on souffre de subir une perte d'estime pour laquelle on a travaillé dur pour l’obtenir. Même le Bouddha qui était si pur et sans faute a été ridiculisé par certaines personnes; que dire alors des personnes ordinaires… Donc l'éloge est toujours accompagnée de la moquerie.
Sukha (bonheur) et dukkha (souffrance) vont aussi ensemble. Si les circonstances sont favorables, on trouve le bonheur et la prospérité et si les circonstances sont défavorables, on est dans la détresse. Cela ressemble à la marche à pied. Quand on marche, on appuie seulement sur un pied à la fois tandis que l'autre pied est soulevé. Ainsi, sukha et dukkha s'alternent.
ON EST HEUREUX DE RENCONTRER LE BONHEUR
On devrait faire face aux Lokadham avec patience et compréhension. Ceux qui sont incapables de patience et de compréhension sont extrêmement heureux et excités quand ils rencontrent les bonnes choses et sont douloureusement déprimés quand ils sont dans la détresse à cause de l’arrivée des mauvaises circonstances de Lokadham.
ON EST AFFLIGÉ DE RENCONTRER LE MAUVAIS
On est affligé de rencontrer les mauvaises choses de Lokadham. Si on n'obtient pas les cadeaux de la vie ou si on est privé de ce que l'on avait déjà; si on est seul, si on est critiqué ou ridiculisé; si on souffre de maladie et de misère, on est fâché et triste. C'est toujours le cas.
Il y a des cas où les gens deviennent fous ou meurent parce qu'ils sont réduits à la pauvreté. Ils se sentent gravement affectés par la perte de leur richesse. Selon le Jaïnisme, les biens matériels font partie de notre vie. Le péché le plus grand est la cruauté à la vie et comme les biens font partie de la vie, priver quelqu’un de ses biens revient à tuer cette personne et c’est donc un péché grave. Les biens, selon cette religion, sont très positifs dans la vie et donc si on est privé de biens, on pourrait mourir du manque de nourriture. Dire que la propriété fait partie de la vie est tout à fait logique selon les arguments de cette religion. Alabha pourrait tuer une personne.
On est malheureux, si on est privé de compagnie. On se sent mal quand on est soumis à la critique ou la moquerie et la gravité de la tristesse est fonction de l'acuité de la critique et de l’intensité de la moquerie. La détresse est grande dans le cas de diffamation. Les malaises physiques mineurs peuvent être ignorés, mais les maladies et les mauvais traitements de degrés divers sont souvent intolérables et une grande tristesse s’ensuit.
LE BOUDDHA ET LES ARAHATS SONT AUSSI SOUMIS À LOKADHAM
Pour l'homme ordinaire, Lokadham est une expérience ordinaire. Les arahats, c'est-à-dire ceux qui sont libres des souillures : des kilesas, sont aussi soumis à Lokadham bien qu'ils puissent faire face tant aux bonnes qu’aux mauvaises circonstances avec équanimité. Ainsi dans le Mangala Sutta, le Bouddha dit :
Phutthassa likadhammehi cittam yassana kampati, asokam virajam khemam etam mangalamuttamam.
"L'esprit de l'Arahat qui est soumis aux huit manifestations de Lokadham n'est pas troublé. Il n'a aucune inquiétude ou abattement. Il n’a plus du tout de souillures : de kilesa. Il n'y a plus aucun danger pour lui. C'est en effet l'état le plus haut de bonheur.
Le Bouddha et touts les Arahats sont libres de toutes les souillures, mais comme ils sont toujours dans ce monde, ils sont aussi inévitablement soumis aux lois de Lokadham. Ils y seront ainsi soumis jusqu’à ce qu'ils passent dans l'état de Nibbana. Quand ils sont ainsi attaqués par les vicissitudes de la vie, ils ne sont pas mentalement affectés, car ils sont capables de maintenir leur esprit stable. Ils ne sont pas ravis quand la prospérité vient, ni déprimé quand l'adversité leur rend visite.
Les Arahats et les Anagamis aussi peuvent résister aux attaques de Lokadham. Quant aux sotapanas et aux sakadagam, ils sont affectés dans une certaine mesure parce qu'ils ne se sont pas encore entièrement débarrassés des plaisirs sensuels (kama raga) ou de l'inquiétude (byapada) et de la colère (dosa). C'est pourquoi l'homme riche Anathapindika pleura quand il perdit sa jeune fille, Sumana Devi.
Visakha en fit de même quand elle perdit l’une de ses filles. Et encore ils connaissaient le dhamma et étaient capables de résister à l'attaque du destin dans une certaine mesure. Même une personne ordinaire (puthujjana) pourrait résister à l'attaque si elle s’appuyait sur le dhamma, bien sûr, dans une certaine mesure.
Il n'y a aucune autre façon de se protéger des effets néfastes de Lokadham que de s’en remettre au dhamma dans lequel nous devrions tous prendre refuge. Il faudrait, bien sûr, faire de son mieux pour combattre l'attaque de Lokadham par tous les moyens pratiques disponibles, mais si ceux-ci échouent, il faudrait prendre refuge dans le dhamma.
Si, cependant, on ne réussit pas à faire face à Lokadham même au moyen du Dhamma (c'est-à-dire la méditation), il faut accepter les vicissitudes avec autant d'équanimité que possible. Il faut les accepter avec patience. Nous devons penser au fait évident que les manifestations de Lokadham sont rencontrées et acceptées même par des Nobles comme le Bouddha et les Arahats. Ces Nobles ont accepté les attaques avec patience et endurance et nous devons suivre leur exemple. Il est vraiment important de cultiver cette attitude.
LE MEILLEUR MANGALA
Les Arahats qui sont attaqués par Lokadham ont purifié toutes les souillures et n'ont pas peur des dangers et des désastres, ils acceptent les attaques avec une grande équanimité. C'est le meilleur ou le plus noble des mangalas (des bonheurs).
Bien sûr, tous les mangalas sont les meilleurs, puisqu’ils sont tous le bonheur. Mais ce mangala en particulier est du plus haut ordre parce qu’il est complètement possédé par les Arahats. Ces Nobles ne sont jamais affectés par les attaques de Lokadham. Leur esprit reste calme et stable; ils connaissent toujours la stabilité mentale qui signifie le bonheur. Le Bouddha l'a placé en dernier de tous les mangalas dans son sermon à propos du Mangala Sutta parce que c'est le plus haut de tous.
Les yogis qui pratiquent maintenant la méditation devraient lutter pour l'accomplissement de ce mangala. Ce mangala est étroitement associé à la pratique de la méditation parce que, comme le yogi note mentalement les incessantes apparitions et disparitions des phénomènes et voit la nature d'anicca, dukkha et anatta, et comme le yogi se rend compte qu'il n'y a, après tout, pas de créature vivante ou de mort parce que, aussi bien l’être vivant que le mort sont une composition d'éléments gouvernés par anicca, dukkha et anatta, le yogi est capable d’accepter patiemment les attaques de Lokadham.
Cependant, la personne qui ne médite pas considérera tous les phénomènes comme permanents, lui procurant du plaisir ; elle verra aussi son propre corps comme son moi. Elle est donc heureuse et excitée quand les bonnes choses de la vie viennent à elle et déprimée et diminuée quand de mauvaises choses prennent la place des bonnes choses. Pour différencier celui qui connaît le dhamma et celui qui ne le connaît pas, le Bouddha posa la question suivante.
LA QUESTION
"Moines, disons qu’un être ordinaire, qui n’a pas la connaissance (puthujjana) est visité par les huit manifestations de Lokadhamma et qu'une personne ayant la connaissance (ariya) est de même visitée par eux. Quelle est la différence dans la réaction des uns et des autres ? Qui fait les efforts (pour résister à l'attaque) les plus importants ?"
Maintenant, il y a deux sortes "d'êtres ayant la connaissance" ou la sagesse. C'est-à-dire qu’il y a deux sortes de Sutta. Ce sont : agama Sutta et adhigama Sutta. Le premier se rapporte à l'acquisition d’informations à propos des paroles du Bouddha. Ces informations indiquent que les huit manifestations de Lokadhamma sont communes à tous sans exception et que personne ne peut les éviter. Et aussi que tous les événements sont liés, comme c’est le cas d'autres actes et actions, par anicca, dukkha et anatta avec la conscience du corps (rupa) et de l’esprit (nama).C'est une simple acquisition de connaissance et cela est appelé agama Sutta.
Adhigama Sutta est la réalisation profonde de la vérité, les Quatre Nobles Vérités par la méditation vipassana. Une telle réalisation et la simple acquisition d'informations sont nécessaires à chacun pour résister aux attaques de Lokadhamma. Le Bouddha a demandé la différence dans la réaction de celui qui ignore cela et de celui qui connaît parfaitement cela.
LA RÉPONSE DES MOINES
Les moines répondirent : "Oh Seigneur : tout le dhamma provient du Bouddha qui est celui dans lequel nous prenons tous refuge et c’est au Bouddha d’exposer le dhamma. Il serait donc bien que le Bouddha donne un sermon que nous écouterons et chérirons toute notre vie." Cela signifie que les moines demandèrent au Bouddha de répondre à sa question lui-même.
L'EXPLICATION DE BOUDDHA
Le Bouddha dit qu’un puthujjana : un être n’ayant pas la connaissance, ne reçoit pas le cadeau de prospérité avec la conscience qu'il subira des changements conformément aux lois naturelles d'anicca causant dukkha et qu'il n'appartient pas à quelqu’un, n’existant aucune chose telle que moi, anatta. Il reçoit le cadeau avec joie, pensant c’est "le mien", il "m’appartient". Il ne connaît pas la réalité.
De telles personnes non informées acquièrent la richesse et des propriétés en les gagnant ou en les obtenant sans vraiment essayer durement. Ils prennent cela pour le succès.
Ils pensent que ceux-ci sont les leurs, que ceux-ci leur appartiennent. Ils ne se rendent pas compte que ces choses ne sont après tout pas permanentes; elles seront perdues ou détruites par le vol ou le feu, elles se dégraderont ou seront détruites à la suite de circonstances défavorables pour être finalement perdues.
Ces gens ne se rendent pas compte qu'eux-mêmes ne sont pas immortels (éternels) parce qu'ils sont constitués de nama (l’esprit) et rupa (le corps) qui sont périssables. Ils ne se rendent pas compte que la richesse et les biens qui sont en leur possession leur causent de l’inquiétude, du souci et des ennuis de toutes sortes. Ces personnes n’ont pas la connaissance. Dans les endroits où le Bouddhisme n’existe pas, les gens n’ont pas de telles informations. Même en Birmanie, il y a des gens qui n'ont pas été instruits ainsi et n’ont pas la connaissance de la réelle cause des vicissitudes de vie. Dans le cas de la perte de richesse et de biens, celui qui n'est pas bien informé est incapable de réfléchir au caractère éphémère des choses et pour cette raison souffre de la misère.
Ceux qui sont incapables de comprendre la vérité à propos de la richesse et de la prospérité, c’est à dire leur impermanence, ressentent de la joie quand elles sont en leur possession. Mais ces possessions ne créent pas d’état mental méritoire, ni la chance d'écouter un sermon religieux ou de pratiquer la méditation parce qu'ils sont trop occupés à gagner de l'argent. De tels êtres ne peuvent pas non plus tolérer la perte de leur richesse. S'ils ne peuvent obtenir la richesse, ils sont déçus et s'ils perdent ce qu'ils ont, ils sont déprimés. Il n'y a aucune chance pour leur esprit d’être dans un état méritoire. Ils passeront leur temps à pleurer pour la perte.
Bien sûr, le degré de leur joie et de leur douleur concernant le gain et la perte de leur richesse dépend de la dimension de leur richesse. Donc, le Bouddha continua d’expliquer que celui qui a la richesse ressent du plaisir, et de la tristesse quand la richesse obtenue est perdue, selon la valeur qu’il accorde à la richesse. Il est heureux quand il obtient la richesse et est fâché quand il la perd et se plaint de la perte.
NON LIBÉRÉ DE LA MISÈRE
Un tel puthujjana, celui qui se réjouit du gain et qui pleure pour la perte, renaîtra à nouveau, donc il ne sera pas libéré de la souffrance liée à la vieillesse et à la mort, de l'inquiétude, du chagrin, pleurant pour toutes sortes de malheurs. Ainsi dit Bouddha. Se réjouissant pour le gain et pleurant pour la perte, la personne n'a pas de temps pour faire de bonnes actions et un état d’esprit méritoire parce qu'elle est tout le temps prise dans lobha (l'avidité) et dosa (l’aversion). Elle n'a pas de temps pour faire l'effort de sortir du samsara et donc elle n'est pas libre de la misère de la renaissance, de la vieillesse et de la mort. L'inquiétude, le chagrin et l'abattement sont fréquents. Ensuite il y a les soucis pour maintenir ses biens intacts, pour les protéger contre d’éventuels ennemis et la personne perd ainsi le sommeil et l'appétit. Ce sont des problèmes et seulement si on peut ignorer ces problèmes, on peut être soulagé. Ces remarques peuvent être appliquées aux trois autres paires des manifestations de Lokadhamma. Cependant, je parlerai d’eux brièvement.